" Pitchipoï un nom étrange qui sonnait mal à nos oreilles, nous juifs provençaux bercés dès notre enfance par le patois méridional de Mémé Cohen dont le mari était aconier, un métier typiquement marseillais, avec sa barque de ravitaillement destiné aux bateaux du port de Marseille. C'est à Drancy, le camp de transite où notre famille fut internée, que nous devions faire connaissance avec ce mot de Pitchipoï. Nous ne pouvions en connaître l'origine : la culture yiddish polonaise dans laquelle il désigne un petit village imaginaire. Nous ne savions encore moins ce qu'allait être la réalité de cette destination inconnue des internés de Drancy. Lorsque nous la découvrîmes, tout espoir s'évanouit : c'était Auschwitz ! " Denise Toros-Marter