« Elle comprit alors qu'elle avait à faire à Galmier et que c'était cuit pour elle. Il avait dû voir qu'elle s'éclipsait et l'avait suivie sans se faire remarquer. Comme un matou pelé, galeux mais encore teigneux, qui ne pouvait s'empêcher de guetter les moineaux fragiles et de leur mettre ses sales pattes dessus. "Ouvre, petite salope, ouvre ! De toute façon, t'es prise au piège !" Mais Fanfan n'ouvrait pas. Elle tiendrait tant que ses forces ne faibliraient pas. Il n'allait tout de même pas détruire la cabane, même s'il était encore costaud ? Et surtout qu'il était ivre ! Son odeur de vieux mal lavé et de vinasse parvenait jusqu'à elle. Il secoua une nouvelle fois la porte rageusement. En vain. Il y eut un moment d'accalmie. Elle pensa un instant qu'il s'était découragé et s'en était allé. Elle ne broncha pas. "C'est peut-être une tactique ? Il attend que je sorte pour me mettre la main dessus." » Placé sous le signe de l'échappée – qui peut être belle à plus d'un sens –, de la liberté à gagner, « Hors circuit » met en scène des femmes – enfants et adultes, innocentes ou terribles, apaisées ou au bord de la rupture – qui se débattent dans les carcans qu'on leur impose, qu'ils viennent des hommes souvent décevants, des institutions ou de la société. Aussi, dans ce recueil qui cultive les thèmes de l'innocence perdue, de la désillusion, de la violence toujours prête à exploser, où le bucolisme peut se montrer vénéneux, traversé encore de références mythiques et contiques, G. Biffiger poursuit-elle, avec la finesse littéraire qu'on lui connaît, le travail débuté avec « Les Hommes de leur vie ».