" Faut-il s'en réjouir ? Faut-il le regretter ? Nous voici parvenus à un point critique de l'Histoire où il nous devient impossible de penser en profondeur - et de créer, j'imagine - si nous nous isolons dans l'aventure de notre race et refusons de demander aux expressions verbales ou figurées que les autres races ont donné d'elles, une confirmation de nos propres pressentiments. Je dis "une confirmation" , bien qu'au premier abord ce soient les contradictions, ou du moins les différences qui nous frappent. En apparence, un abîme sépare de l'idole nègre ou polynésienne, par exemple, la sculpture grecque à son apogée ou la grande peinture européenne dont l'école de Venise nous a révélé les moyens et les possibilités. Cependant, l'un des miracles de ce temps est qu'un nombre croissant d'esprits soient devenus capables non seulement de goûter, avec une égale ivresse, la délicate ou violente saveur de ces oeuvres réputées antinomiques, mais même de saisir dans les caractères opposés qu'elles paraissent offrir, des accords intérieurs qui nous conduisent à l'homme et nous le montrent partout animé de passions dont toutes les idoles, en accusant l'accent, révèlent le sanalogies.