Etat pivot sur l'axe des crises, voisin turbulent des grands émergents que sont l'Inde et la Chine, aux portes de l'Iran et de la route du pétrole, le Pakistan est aujourd'hui confronté à de nouveaux périls... Etat pivot sur l'axe des crises, voisin turbulent des grands émergents que sont l'Inde et la Chine, aux portes de l'Iran et de la route du pétrole, le Pakistan est aujourd'hui confronté à de nouveaux périls, qu'aggravent encore difficultés économiques et inondations catastrophiques. La coalition internationale enlisée en Afghanistan replace les services secrets militaires en position d'intermédiaires pour traiter s'il se peut avec les talibans afghans ; pourtant, l'instrumentalisation des groupes radicaux montre aujourd'hui ses limites. Une partie des organisations islamistes les plus extrémistes s'est désormais retournée contre l'appareil d'Etat et conduit une double stratégie : insurrection dans les zones tribales voisines de l'Afghanistan, attentats suicides dans les grandes villes du pays. L'armée tente d'y faire face, avec une force accrue depuis 2009. En parallèle, la culture de la violence embrase Karachi, le Baloutchistan s'agite et l'islam - pilier de la République - se divise sous les coups des terroristes attaquant aussi bien la minorité chiite que les grands sanctuaires de l'islam populaire. La société civile aspire à la paix, mais l'armée - Etat dans l'Etat et maîtresse du feu nucléaire - n'en reste pas moins fidèle à son paradigme stratégique établi de longue date : voir dans l'Inde un ennemi structurel (affaibli au Cachemire) et étendre l'influence pakistanaise en Afghanistan pour empêcher toute collusion entre New Delhi et Kaboul. Une posture que perturbe depuis 2010 l'intensification des frappes de drones américains visant, dans les zones tribales pakistanaises, les talibans opérant en Afghanistan et les combattants d'Al-Qaida. Cette revue est initialement parue en 2011.