L'intégration, en 2004 et 2007, de neuf Etats de l'ex-Europe de l'Est dans l'Union européenne a marqué la fin d'une histoire commencée à l'issue de la Seconde Guerre mondiale et a confirmé ainsi la réunion de l'Europe. Paradoxalement, cette intégration peut aussi marquer la probable fin du projet géopolitique européen des fondateurs, qui était de former un ensemble politique cohérent et puissant. En effet, les dirigeants des Etats de l'ancienne Europe de l'Est, toujours inquiets de la puissance russe - et ce d'autant plus depuis le redressement de la Russie sous l'autorité de Vladimir Poutine - et n'ayant aucune confiance envers une hypothétique défense européenne, ont choisi de se mettre sous la protection de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), autrement dit des Etats-Unis. Aussi l'intégration de ces Etats a-t-elle eu pour conséquence une certaine fragilisation de l'Union européenne. Une partie de l'opinion publique et des dirigeants des Etats de l'Europe de l'Ouest redoute le dumping social et fiscal exercé clans ces pays récemment intégrés, souvent partisans d'une économie libérale et peu soucieux de renforcer l'unité politique de l'Union européenne. Ce numéro d'Hérodote montre que le projet européen d'union, non seulement économique mais aussi politique, est désormais de moins en moins partagé par l'ensemble des partenaires