Ce volume est le résultat du travail de l'atelier I du programme international de recheches Origins of the Modern State, organisé sous l'égide de la Fondation européenne de la Science. L'objectif de ce programme, qui a regroupé pendant quatre ans une centaine de spécialistes originaires d'une vingtaine de pays différents, est d'offrir une interprétation neuve dans une perspective comparative européenne, embrassant la longue durée et réunissant des spécialistes de diverses disciplines (histoire, philosophie, histoire de l'art, sciences politiques, histoire du droit et sciences juridiques), d'un processus crucial pour l'histoire de l'Europe, à savoir les différents aspects de la formation de l'Etat du XIIIe au XVIIIe siècle.
Guerre et concurrence entre les Etats européens du XIVe au XVIIIe siècle expose un fait d'évidence : la guerre fut alors le plus puissant aiguillon dans la croissance du pouvoir d'Etat. Maint épisode montre à l'œuvre d'âpres courses aux armements, sur terre comme sur mer. La guerre conduisit les Etats souverains à mieux exploiter leur territoire. Ils affirmèrent être seuls en droit de la déclarer et d'y mettre fin. Pour financer leurs guerres, ils mirent au point une lourde fiscalité. Non sans mal, les gens de guerre devinrent des militaires. A maintes reprises, les Etats se persuadèrent que leurs guerres revêtaient un caractère sacré.
Toutefois, au tableau de cette concurrence souvent implacable des retouches doivent être apportées : au plan des faits et des idées, des forces intervinrent afin de contenir les effets destructeurs de la guerre, le concept d'équilibre européen et de concert des nations ne fut pas étranger aux gouvernants. Les gouvernés, eux, attendirent de plus en plus de l'Etat un rôle dépassant le domaine militaire. Tout se passe comme si les Etats n'avaient été que rarement jusqu'au bout de l'exercice de leur puissance. A travers les cinq siècles envisagés, une respiration se dessine qui devait aboutir au XVIIIe siècle à l'idée que la guerre représentait une phase dépassée dans l'histoire de l'Europe.
L'éditeur du volume, qui a aussi présidé aux travaux de l'atelier pendant toute la durée du programme, est Philippe Contamine, professeur d'histoire médiévale à l'Université de Paris-Sorbonne.