En cette fin de XVIe siècle, la France est le théâtre de passions débridées, de haines extrêmes, d'actes d'une violence incontrôlée, d'une cupidité délétère et d'extravagances de toutes sortes. Les remises en cause consécutives à l'apparition de l'humanisme, aux guerres religieuses et aux mutations économiques, troublent les esprits. Les amours d'Henri de Navarre et de Gabrielle d'Estrées reflètent ce temps de fer et de feu. Contraint comme huguenot à quitter la cour des Valois, bientôt chef du parti opposé au roi, ennemi juré des catholiques de la Ligue, puis héritier désigné mais contesté du trône, enfin mal accepté, Henri trouve avec sa jeune maîtresse (elle a vingt ans de moins que lui...) et les enfants qu'elle lui donne le réconfort d'un foyer paisible que la reine Margot _ à laquelle on l'a naguère marié _ ne lui procure pas. Gabrielle est devenue une " presque épouse ", voire une " quasireine ". Henri s'était mis en tête d'en faire la reine de France, lorsqu'elle mourut brutalement (ce qui résolut le grave problème dynastique que cette union n'aurait pas manqué de poser). Issue d'une " famille dont les femmes savent plier leur vertu aux exigences du moment qui passe ", la favorite n'a certes pas aimé le roi sans réserve ; elle n'a jamais oublié ses intérêts et ceux des siens. Néanmoins, elle a joué auprès de lui un rôle bienfaisant, par exemple en l'assistant moralement lors de son abjuration, puis en le poussant à proclamer l'édit de Nantes. Qui sait si l'Histoire n'aurait pas tourné autrement sans la belle Gabrielle ? Historienne, Inès Murat a publié Napoléon ou le rêve américain, Colbert et La IIe République.