Publié en 1967, Cien anos de soledad connaîtra un succès international. Traduit dès sa parution en plusieurs langues, bénéficiant de nombreuses éditions, couronné de nombreux prix, le roman doit son succès autant à l'originalité de son écriture qu'à tout un faisceau de circonstances socioculturelles et éditoriales désignées sous le nom de boom de la littérature latino-américaine. Ce livre, qui raconte l'histoire d'une famille endogame sur laquelle pèse la menace de la répétition de l'inceste, a été lu comme un raccourci vertigineux de l'histoire de l'humanité tout entière depuis les temps a-historiques, mais aussi comme la saga d'une famille colombienne qui fait souche dans le petit village de Macondo. Mais ce qui contribuera encore au rayonnement de ce roman sera le talent de conteur de son auteur. En effet, à Garcia Màrquez reviendra la paternité de ce réalisme magique qui consiste à rendre vraisemblables les choses les plus extravagantes, auquel il faut ajouter l'humour dans toute sa gamme, allié à l'invention poétique d'images saisissantes. Intronisé très vite icône, monument de la littérature mondiale, canon, il est évident qu'au fil des ans, Cien anos de soledad deviendra une référence encombrante pour les jeunes romanciers postmodernes, lesquels tenteront de se débarrasser de cet héritage gênant. Mais Cien anos de soledad, comme tous les classiques, résiste aux attaques en tout genre car, oeuvre plurielle, il suscite des lectures sans cesse renouvelées. C'est ce que propose ce volume consacré à l'analyse de différents aspects de Cien anos de soledad et dont les contributeurs sont tous spécialistes de littérature latino-américaine et plus particulièrement de l'oeuvre marquézienne.