Flaubert conçoit la littérature comme un art de l'image, du regard et de la vision. Les grands génies, selon lui, savent voir le monde en "se faisant prunelle" ; ils savent voir leur sujet et le faire voir, en transformant leur lecteur en pur "oeil" . Ce volume entreprend d'examiner la nature, la portée et les limites des images pour l'écrivain. Qu'est-ce qui constitue une image marquante pour les personnages ? Comment se présente leur expérience visuelle du monde ? Quel rapport critique, et plus largement éthique et existentiel, convient-il d'engager avec les images ? Le travail acharné du style donne des réponses contrastées et nuancées, les images étant tour à tour bannies et cultivées. La poétique flaubertienne de l'image en fait tantôt une cible d'ironie, tantôt un outil de dévoilement et de connaissance du monde. Observateur ou voyant, myope ou panoramique, adorateur ou contempteur des images, celui qui entendait n'entretenir avec l'humanité qu'un "rapport d'oeil" invite ses lecteurs à constamment varier la focale pour jouir des images sans s'y laisser prendre, et recevoir d'elles ce qu'elles ont à nous révéler.