Cette thèse s'interroge sur les effets de la financiarisation sur la répartition des revenus et la croissance en France depuis le milieu des années 1980. Dans un premier temps, nous dressons un bilan des transformations institutionnelles et macroéconomiques françaises depuis 1970, qui nous permet de donner une définition empirique de la financiarisation. Trois principales évolutions macroéconomiques ressortent. La première est un recul de la part salariale, qui se stabilise dans les années 1990 à un niveau inférieur à celui des années 1960. Cependant, malgré ceci, le taux d'accumulation diminue de façon tendancielle. Enfin, les dividendes distribués par les sociétés non financières augmentent. Ces évolutions ont lieu dans un contexte où les transformations institutionnelles ont conduit à la propagation des principes de création de valeur pour l'actionnaire. Notre démarche théorique a ensuite consisté à construire un cadre modélisé permettant d'analyser les conséquences de l'influence croissante des actionnaires. Nous avons mobilisé un modèle kaleckien dans un cadre stock-flux cohérent. On montre alors que les effets de la financiarisation sont ambivalents. L'accroissement des normes de rentabilité financière tend à déprimer à la fois la part salariale et l'investissement. Le recul de la croissance entraîne une aggravation du chômage qui entretient en retour la faible progression des salaires et de la demande globale. Cependant, la hausse des dividendes distribués limite ces effets en soutenant pour partie la consommation et la croissance, ce qui stabilise la part salariale.
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