A la faveur de la dynamique générale de désenclavement du monde entamée dans les derniers siècles du Moyen Age, les Européens commencent à découvrir les régions septentrionales de leur continent. Le Nord froid, hostile et mystérieux émerge à l'horizon. Sa définition géographique longtemps floue se précise peu à peu au XVllle siècle pour désigner la Scandinavie ainsi que les régions arctiques et subarctiques allant du Groenland à la Sibérie. Entre la fin du Moyen Age et le XVllle siècle, la formulation d'interrogations et la construction de stéréotypes sur le Nord génèrent un discours ambigu sans cesse renouvelé. Il évolue en fonction du degré de connaissance, de l'expérience, de la culture et de l'enjeu que représente le traitement de cette région pour ses observateurs. Ainsi, l'imaginaire entourant le monde nordique se décline au fil des siècles sans perdre en intensité, car le Nord autant qu'un objet propre est aussi une toile sur laquelle se projettent des interrogations sur les confins du monde, de l'imaginaire ou de l'humanité. Les représentations du Nord se nourrissent elles-mêmes de leurs fantasmes pour construire un monde ambivalent dans lequel les rigueurs naturelles et le caractère primitif de ses populations n'abolissent ni le mythe de l'Ultima Thulé hyperboréenne aux habitants proches des dieux, ni celui de l'Arcadie nordique au sein de laquelle règne la douceur et la félicité.
Figures du Nord - Perceptions et représentations des espaces septentrionaux du Moyen Age au XVIIIe siècle (Scandinavie, Groenland, Sibérie) est également présent dans les rayons