Femme couleur tango incarne un des rêves de julio Cortàzar : la Mireya chantée dans les tangos argentins et la Mireille peinte par Toulouse-Lautrec ne font qu'une.
Celle-ci est différente des autres filles de Madame. Elle vient d'Albi et en a le parler rocailleux, elle ne se corsète pas, elle est naturelle et, vraie rousse, elle rayonne. Quand monsieur Henri, lui aussi originaire d'Albi, fait sa connaissance, il tombe amoureux et la prend pour modèle.
Cette belle amitié prendra fin lorsque Mireille suivra un bel Argentin ténébreux qui lui promet la fortune. Elle ne sait pas qu'elle emprunte le tristement célèbre " chemin de Buenos Aires ", celui de la traite des Blanches.
Là-bas, elle découvre ce que l'Argentine a créé de plus authentique: le tango. Elle en devient une danseuse légendaire pour laquelle s'entre-tuent des hommes ambigus à chapeau noir et regard sombre. Elle initie aux secrets de l'amour un petit Toulousain qui deviendra un chanteur célèbre : Carlos Gardel. En 1935, l'année tragique où Gardel meurt dans un accident d'avion, le gouvernement argentin ferme les bordels de Buenos Aires. Mireille rentre à Albi, sa ville natale, celle aussi du peintre qu'elle a un jour aimé. Au musée Toulouse-Lautrec de cette petite ville du sud-ouest français, elle se retrouve elle-même avec sa robe verte, régnant dans son tableau vieux de cinquante ans.