Vingt-cinq ans. L’âge des tourments, des aventures, des égarements. La vie à cent à l’heure. Des vies en une vie. J’escalade et dévale toutes les pentes émotionnelles, abattu, consolé, sauvé. Surtout l’envie d’écrire l’impossibilité de dire. Le besoin de raconter, en langage codé, la traversée de la tempête qui m’a fait chavirer. Vingt ans plus tard. J’ai accosté sur le rivage, posé mes bagages. Les particules de la vie en suspension sont retombées. Mon existence file droit. Dans un coffre en bois, je redécouvre ces centaines de feuillets, à la main griffonnés. Qu’ai-je encore en commun avec moi-même ? Deux personnages, celui que je fus et celui devenu, se mettent alors à scander, dialoguer, réécrire chaque strophe, chaque phrase, chaque mot. Pour faire trembler la corde du vibrato. De cet accord de gouvernement intérieur est née ‘‘ eurythmie du chaos‘‘.