« Je descendais, guidé par la vague musique, pour contempler, dessous l’humide frondaison des branches alanguies d’une saulaie antique, souples et pendantes jusqu’au fleuve profond, les sinuosités du cours mélancolique. Il m’apparut alors pour la première fois, ce génie des brouillards, cette brumeuse nixe, cette enfant mythique des ondes et des bois qui chantait tristement la cantilène fixe des reines esseulées à la mort des grands rois ». Les figures mythiques (telle la Lorelei de ces strophes), les personnages historiques, les espaces méconnus et discrets de l’Europe s’esquissent plus qu’ils ne se disent dans les vers d’Armand Cléry, qui circonscrivent, dans l’espace et le temps, comme un autre continent : un espace propice au songe et à la contemplation, loin des parcours obligés ; un terrain plus intime, aux résonances plus profondes, ancré dans la mémoire… Balançant entre classicisme et modernité, l’écriture, à l’image d’un recueil nomade et d’un continent mythiquement lié au voyage, nous projette vers des pièces poétiques comme sorties de quelque rêverie ou fantaisie.