Le 50e anniversaire de l'institution de la sécurité sociale a nourri nombre de réflexions sur la contradiction, sans cesse grandissante, apparue entre la volonté affirmée des pouvoirs publics d'assurer un égal accès aux soins pour tous les citoyens, et l'impossibilité, de plus en plus manifeste pour l'Etat, d'assumer seul la charge de cette ambition. Les tâtonnements successifs auxquels ont donné lieu des recherches de solutions montrent de plus en plus clairement la nécessité de définir, au préalable, les contours d'une politique globale de santé publique.
D'autre part, dans un univers en plein bouleversement, médecine et médecins n'ont pour toute boussole qu'un serment d'Hippocrate, dont la valeur morale se situe, certes, hors de l'espace et du temps, mais auquel il est quand même difficile d'apporter des réponses adaptées à des questionnements d'une autre dimension. Et si c'est au politique, s'appuyant sur la réflexion éthique, qu'il faut aujourd'hui faire appel pour redonner au monde de la médecine - et au monde de la santé, tout entier - les bases indispensables à la construction d'une action au service de l'homme, c'est aussi - et surtout - le rôle de la médecine d'engager une telle action, pour redonner une dimension d'être à une profession revendiquant sa véritable vocation.
Christian Hervé dirige, à la faculté de médecine Necker-Enfants-Malades, le Laboratoire d'éthique médicale, de Droit de la santé et de Santé Publique (LEM) de l'Université René Descartes-Paris V.