L'adjectif gradable, qui se combine sélectivement avec certains modificateurs, qui s'inscrit sur une échelle sémantique scalaire et qui a un pouvoir évaluatif par le biais de la prédication, est ici présenté sous deux aspects : un aspect bipolaire, ou d'antonymie, et un aspect subjectif. En effet, si le comparatif implicite ou explicite qu'est l'adjectif gradable en contexte peut faire l'objet d'une formalisation objective généralisante à l'aide de formules logiques ou mathématiques, en revanche l'adjectif nu (ou micro-prédicatif) y résiste, en raison de sa composante phénoménologique et de son difficile ancrage dans le contexte extra-linguistique, qui inscrivent les propriétés adjectivales (faisceau de propriétés dans le cas du portrait littéraire) dans le cadre d'un 'nominalisme' adjectival, d'un mentalisme proche d'une théorie de l'esprit. Une approche compositionnelle ascendante, d'ordre morpho-syntactico-sémantique, se double ainsi d'une analyse descendante, d'inspiration cognitive ou neuronale. L'analyse bipolaire et énonciative des micro-prédications adjectivales des portraits littéraires permet ainsi de dresser les bases d'une théorie de la simulation fictionnelle par le biais du degré d'empathie de l'auteur envers son personnage.