Les principes esthétiques de Barbey d'Aurevilly nous sont devenus si étrangers que certains éprouvent le besoin de «moderniser» ses récits, en y atténuant la part des questions morales et métaphysiques. Au moment où la réédition de son oeuvre critique rétablit dans toute leur force les liens tissés par l'écrivain entre fiction et pensée, cet ouvrage donne quelques aperçus sur son esthétique romanesque: son rapport au réalisme, à la fantaisie, au grotesque, au sublime, à l'exemplarité. Il ne s'agit pas de prendre fait et cause pour le Connétable des lettres, mais de partir d'une donnée qu'on a souvent tendance à occulter: le projet esthétique de Barbey s'enracine dans une pensée antimoderne.