Il s'agit moins ici de dresser un constat que de repérer des tendances, souvent plus nettes dans le domaine sociétal que strictement musical. Les compositeurs du XXIème siècle pourraient incliner, peu à peu, vers l'adoption d'une esthétique "régressive" . Or, par "régressive" , on ne décrira pas une démarche conservatrice, qui "va en arrière" du point de vue de l'histoire de l'art, mais plutôt de l'histoire personnelle : qui rétrograde non vers l'enfance de l'art, mais donc vers celle du compositeur ou du supposé auditeur. Cette tendance, peut-être relativement neuve (vieille d'une vingtaine d'années, peut-être, au maximum), vraisemblablement difficile à assumer encore au siècle précédent, développe, dans le cadre même (et les lieux de diffusion) d'une pièce de musique dite "sérieuse" , des éléments qui pourraient sembler issus du domaine hyper-affectif et/ou supra-ludique de l'enfance, dans un champ a priori non seulement moins "sérieux" mais peut-être même ennemi de tout sérieux, pour peu que la notion de sérieux, en art, et dans la société occidentale en général, soit encore imaginée valide par notre époque dite, de plus en plus, "postmoderne" .