Voilà la maladie du monde - à moins que ce ne soit seulement la mienne, mais non, c'est bien la nôtre - notre folie d'objectiver, ce délire mathématique, orphelin de toutes transcendances, exigeant de chaque instant qu'il se chosifie, que la vie se réduise à l'objet et non au sujet, à ce qui n'est pas de l'ordre de la conscience plutôt qu'à celui qui fait sens, c'est-à-dire, en réalité, à rien plutôt qu'à tout. La vraie vie vient de l'enfance. En elle ni gloire, ni pouvoir, ni possession, que du rêve-réalité, tout le temps : du paradis volé à l'enfer. Pas de paraître, de faire-valoir ni de reconnaissance de ses pairs, juste l'évidence de la vie. Pas de mort non plus, car rien de fini, ni trop tard ni trop tôt, ni plus tard ni plus jamais. Grandir, retrouver l'élan de l'enfance. Bouche de tous nos malheurs : toujours préférer les malaises familiers aux bonheurs inconnus. Aimer et croire fondent l'être. Nous sommes à cause de l'Etre, origine et destin de nos vies. Notre espérance est une nostalgie.