Si je dis : "J'ai un corps" , je ne risque pas d'être contredit. Tout au plus quelqu'un me demandera pour quelle raison j'éprouve le besoin d'affirmer une telle évidence. Pourtant, dans l'expression "J'ai un corps" , le verbe avoir prend un sens bien particulier. Dans "J'ai une maison, j'ai un stylo, j'ai une auto" , maison, stylo, voiture m'appartiennent. J'en suis propriétaire. On ne saurait m'en déposséder, mais je peux vendre ma maison, donner mon stylo, changer de voiture. Ce que je ne saurais faire avec mon corps. Il est et je suis, il n 'est plus et je ne suis plus. Il dépend de moi, je dépend de lui. Sans jamais se séparer, moi et lui parfois se confondent, ne font qu'un. A d'autres moments, chacun devient plus distinct. Entre les deux, le dialogue fluctue...