Ce journal de bord, je l'ai écrit alors que j'étais maire de Fécamp, tout au long d'une campagne électorale qui allait me conduire sur les bancs de l'Assemblée. J'y raconte pêle-mêle les petits et les grands événements de mon combat dans le pays de Caux si cher à Maupassant, et, au bout du chemin, les raisons de mon engagement. Au fil des jours, je retrace aussi les morceaux de vie qui se sont dévoilés le temps d'une campagne. De villages en quartiers, de cafés en marchés, les difficultés, les souffrances confiées, mais souvent les gestes de solidarité et les signes d'espoir. Le discrédit de la politique n'est certainement pas une fatalité. Il tient d'abord à ses façons de faire, et surtout de ne pas faire, ou de ne pas voir. Trop d'hommes politiques semblent ignorer le quotidien, la course poursuite qui rythme les journées des femmes, la place des enfants dans la cité, l'école, le rôle de la télévision, celui du sport... Tout comme les épreuves plus secrètes de la vie d'aujourd'hui : l'éclatement des familles, la solitude, l'exclusion, la dépression, l'alcool. Ce témoignage invite à regarder en face tout ce dont nous nous détournons trop aisément. J'ai voulu y rendre hommage à ceux qui se battent pour faire bouger le cours des choses et inciter les femmes à venir, nombreuses, aider notre démocratie à chasser sa capacité d'indifférence ou de résignation. Frédérique Bredin, 40 ans, a été élue pour la première fois député de Seine-Maritime en 1988, maire de Fécamp en 1989, conseiller régional de Haute-Normandie, puis député européen. Elle a été ministre de la Jeunesse et des Sports de 1991 à 1993. Fin 1995, à l'occasion d'une élection législative partielle, elle tente de reconquérir son mandat de député, perdu en 1993. Elle sera réélue le 10 décembre.