Pour tout habitant de la côte ou d’une île, la mer est synonyme d’espoir, de richesses à conquérir, de pérennité du peuple, mais aussi d’inquiétude, de danger imminent et de proximité de la mort. Les victimes noires du commerce triangulaire ont dû affronter cet océan acharné, écho des esclavagistes européens résolus à les arracher à leur terre et à les emporter de force vers des rivages inconnus. Ce déracinement violent est le sujet de « Départ imprévu ». Empreint d’une poésie certaine tant l’entrelacement des mots et des sonorités se révèle intimement juste et beau, cet ouvrage pourtant écrit en prose prend à bras-le-corps le problème de l’esclavage et plus généralement du racisme qui persiste encore aujourd’hui. S’inscrivant en droite lignée des grands auteurs ayant pris la parole pour le peuple noir, à l’instar de Césaire, Luther King ou Fanon, Anatole Alfride réalise ici un texte remarquablement fort.