La longue vie de Degas (1834-1917), son imposante carrière (plus de cinquante années d'incessante création artistique) ne peuvent se comparer qu'à celles, au même moment, de Monet et Renoir. Mais une vie plus secrète, moins publique, plus riche d'amitiés imprévues, de rencontres inattendues. Degas est resté secret, se méfiant de ce que l'on pourrait dire ou écrire sur lui, soucieux de protéger tout ce qui était vie privée, souhaitant à la fois " être illustre et inconnu ". L'existence retirée, le mystère dont il s'entoure volontiers (opinions politiques, relations sexuelles ou amoureuses), mais aussi l'incontestable notoriété dont, très tôt, il jouit _ dès les années 1860, alors qu'il est encore inconnu du " grand public " _, la férocité de ses mots, la présence incongrue de cet artiste volontiers réactionnaire dans un milieu d'avant-garde, font l'attrait et la particularité de sa biographie. Car cette longue destinée apparaît, grâce à de nouvelles sources d'archives, de nombreux documents inédits, aussi riche et finalement aventureuse que celles, manifestement plus tumultueuses, d'un Van Gogh ou d'un Gauguin. Ancien pensionnaire de l'Académie de France à Rome, Henri Loyrette est conservateur en chef au musée d'Orsay. Auteur d'un ouvrage sur Gustave Eiffel et de nombreuses études sur l'art français du XIXe siècle, il a été notamment le commissaire de l'exposition Degas e l'Italia (Rome, Villa Médicis, 1984-1985) et le commissaire français de la rétrospective Degas (Paris, Ottawa, New York, 1988-1989).