Augustin d'Hippone (354-430), dit saint Augustin, est certainement le père de l'Eglise qui a le plus influencé la théologie, tant protestante que catholique ; il est donc aujourd'hui encore incontournable, pour qui veut comprendre l'histoire de la pensée chrétienne. Parmi les ouvrages de cet écrivain prolixe et compulsif, ses traités dogmatiques ne sont pas les plus simples à suivre, en particulier le de Trinitate, qu'il a mis seize ans à écrire, étant pris par une multitude d'autres écrits et activités. C'est d'abord sa verbosité éprouvante qui lasse rapidement une pensée moderne, habituée à plus de concision scientifique ; puis le décalage entre les connaissances de l'antiquité sur le monde matériel et les nôtres, rend obsolètes bon nombre des images et des raisonnements qu'il développe ; sa propension à allégoriser systématiquement les versets bibliques, heurte aussi assez la sobre exégèse requise par nos esprits critiques. Cependant, dans sa quête passionnée du mystère de la Divinité trinitaire, dans les parallèles qu'il essaie de tirer entre sa propre nature humaine et ce que l'Ecriture nous révèle de Dieu, saint Augustin réussit à nous émouvoir et à nous entraîner dans ce désir qu'avait Moïse, qu'avait l'apôtre Paul : voir face à face, connaître comme il nous connaît, le Dieu qui est amour : Père, Fils et Saint Esprit. La traduction du latin donnée ici provient du douzième volume des OEuvres complètes de saint Augustin, éditée par l'abbé Raulx (1826-1879).