A quelles conditions la loi est-elle juste ? Quand peut-on estimer que le droit est juste ? Quand une situation ou un comportement sont-ils injustes, de sorte que le droit doive intervenir ? Car la question difficile n'est pas tant de savoir pourquoi il faut se soucier de la justice mais d'arriver à déterminer ce qui est juste pour que le droit en soit le prolongement concret et que la limite de son pouvoir soit ainsi posée.
L'injuste n'est pas le revers du juste; il est ce qui, par réaction, fait naître le sentiment de ce qu'est le juste, il est son moyen d'accession. Le juste se désigne comme ce qui est outragé par l'injustice. Le droit est juste s'il est le procédé institutionnalisé de cette réaction. Si nous étudions, ne serait-ce que par le souvenir, que par l'histoire, les expériences de l'injuste, nous aurons idée du juste dans ce retour sur nous-mêmes.
L'injustice est ce qui permet l'établissement libre et nécessaire du juste par le droit. Elle est son chemin. Reprenons donc celui de l'enfance, de Dieu et de la nature; rencontrons les personnages du père et du chef d'entreprise; soumettons à la question les systèmes politiques et économiques; admettons que les méthodes, celles du législateur, celles du juge, soient suspectées d'injustice; soucions nous des effets des pouvoirs.
Ce sont les premiers pas, de l'injuste au juste.