De sa mémoire d'enfant, le village de Karomo surgit, à l'ombre de ses palmiers, ses manguiers, niché au creux de la chantante rivière Kabokwe. Et avec lui, son cortège de souvenirs heureux, baignés d'une chaude lumière. Là, l'amitié, la bienveillance et l'hospitalité ne sont pas de vains mots, et la nature environnante, canopée majestueuse et arbres séculaires, ainsi que ses animaux si proches, félins et oiseaux virevoltants, en font un véritable petit Eden. La famille y prend toute sa place, les ancêtres qui veillent de là-haut, le regretté grand-père et l'oncle qui jamais n'a plié. Et cette vieille salle de classe bien-aimée où tant d'écoliers ont usés ses vieux bancs. Fenêtres béantes sur l'extérieur, où les sourates se mêlent au catéchisme imposé par le colonialisme. Une enfance heureuse, choyée, rythmée par des rites immuables, la présentation au clan, l'attribution du nom selon les coutumes des anciens, la circoncision au septième jour et les séances d'exorcisme qui peuvent s'avérer bien effrayantes, loin du cher village. Quel bonheur ensuite de rentrer au bercail ! Un temps loin de la guerre et de l'horreur.