Le monde et l'homme ne sont que ce que la conscience est capable d'en dire dans l'instant où elle s'exprime. Il nous faut le constater : tout se définit dans et par la conscience. Non seulement elle précède tout discours, mais elle le construit comme elle construit, en produisant le langage, tout savoir et toute croyance. Elle émerge donc comme puissance linguistique en perpétuelle croissance et se métaphorise en métaphorisant toute réalité car le mot n'est jamais la réalité qu'il désigne. Elle introduit l'ordre et la causalité qu'elle exprime intrinsèquement, donc la rationalité et la temporalité. Si elle introduit la temporalité c'est qu'elle est ce présent dans lequel se peuvent actualiser le passé et le futur. Précédant tout ce qui peut se dire à propos de l'homme, du monde et à propos d'elle-même, elle est l'Etre en soi, l'Ontos que l'on ne peut jamais saisir comme objet, sinon dans ses productions. La conscience produit la croyance et le savoir car elle est à la fois puissance du mythe et rationalité. Spéculative, elle ne peut échapper à l'interrogation sur la question de sa nature sans jamais pouvoir se penser elle-même en tant qu'objet de connaissance.