"Comment un mariage régulier, conclu avec le consentement des deux parties, peut-il entraîner, par des nécessités immédiates et inéluctables, de la part de l'un des conjoints et avec la complicité de l'autre, les crimes de rapt, de séquestration, de proxénétisme, d'attentat à la pudeur, de viol répété, d'inceste, d'adultère et de polygamie ? " Pierre Louÿs s'amuse. Il s'amuse à cette énigme (Un cas juridique sans précédent), comme il s'amuse aux facéties qu'il invente (La confession de Mlle X... , L'Aventure extraordinaire de Mme Esquollier, Le capitaine aux Guides). Et le comble du drolaticque est atteint quand il fait rencontrer à Balzac, une jeune femme qui se suppose être un personnage du maître et qui se laisse persuader par lui que sa vie est celle qu'il écrit et non celle qu'elle vit (La fausse Esther). Il sait aussi mêler le tragique (La persienne, La désespérée, L'In-plano) et l'étrange (Une ascension au Venusberg, La nuit de printemps) pour nous faire partager l'intranquillité de ses personnages et sa vision sans illusions de la condition humaine. Les nouvelles : Dialogue au soleil couchant, Une volupté nouvelle, L'homme de pourpre, sont des évocations de l'Antiquité comme seul Pierre Louÿs a su en produire. L'homme de pourpre, effrayant chef d'oeuvre, met en scène le sculpteur Parrhasios quand il peignit, un Prométhée qui fut célèbre dans tout le monde antique. Il s'agit là de la bataille d'un dieu contre l'être humain qui lui servait de modèle. Une métaphore que l'auteur pousse à ses conclusions extrêmes. La bonté des dieux lui semblait d'invention trop récente pour que Pierre Louÿs s'en persuadât. Cette édition électronique, réalisée avec l'aimable concours de la Bibliothèque municipale de Rennes, est ornée des reproductions de 50 bois originaux gravés par Jean Lébédeff pour la collection Le livre de demain d'Arthème Fayard & Cie, 1933.