Hume est un penseur pour notre temps, mais il n'est pas facile de le comprendre. Cette difficulté tient à la résistance qu'on oppose à la qualité que cultive la pensée sceptique : le " sens positif de l'inquiétude ", la valeur accordée à l' " incertitude " plus qu'à la tranquille assurance des dogmes. Comprendre Hume, c'est donner quelque valeur au " principe d'incertitude ", comme " principe heuristique " dans le domaine du savoir, et comme " principe de vie et de sagesse ", dans le domaine des valeurs et de l'action. Le sceptique n'est pas celui qui doute mais " celui qui cherche ". L' " incertitude " ne l'inquiète pas : il ne désespère pas de l'absence d'une " explication dernière " des choses, mais trouve dans cette situation des raisons de " continuer à s'étonner ". Il n'accorde pas un crédit absolu à la raison dogmatique, raisonnante ou raisonnable, mais peut accorder un crédit raisonnable à l' " intuition " et au " sentiment ". Il n'accorde à la raison que sa dimension " humaine et rien qu'humaine ". La philosophie sceptique n'est pas une pensée du désenchantement et du rabaissement de l'homme, mais sa défense active en tant qu'être qui " invente ses valeurs ". La philosophie humienne est " la leçon d'une démarche qui dit sa vérité ".
Suzanne Simha est agrégée et a enseigné la philosophie en classe préparatoire à l'Ecole Normale supérieure. Elle dirige avec André Simha, la collection Vocation philosophe, chez Armand Colin.