L'intérêt de la réflexion offerte par Rosa Sanchez-Salgado est de changer radicalement d'angle d'analyse. Elle renverse la perspective la plus courante, en s'intéressant à ce que l'on pourrait appeler la face cachée du problème, à savoir l'impact des politiques européennes sur les organisations de la société civile. Ce ne sont pas seulement les activités, mais aussi les pratiques, voire même les structures de ces organismes qui ont évolué en réaction aux orientations de la politique européenne. Cette évolution n'a rien d'accidentel, puisqu'elle correspond souvent à une volonté délibérée des responsables communautaires, qui incitent à la mise en place de réseaux européens ou réclament de leurs interlocuteurs des pratiques de gestion professionnelles. L'éclairage nouveau apporté par cette recherche n'a pas pour seul mérite de sortir des discours un peu angéliques qui dominent dans la littérature sur la société civile européenne. Il est aussi porteur d'interrogations nouvelles : peut-on créer " d'en haut " une société, voire un peuple européens ? Sur tous ces thèmes, Rosa Sanchez-Salgado porte un regard à la fois ouvert et critique. Son étude illustre la nécessité de recherches empiriques approfondies, avec une dimension comparative importante, pour mieux comprendre la réalité européenne contemporaine. Après l'avoir lue, on ne voit plus la problématique de la société civile européenne de la même façon. C'est dire son utilité.