Ce neuvième recueil de poèmes de Jean-Paul Inisan se distingue des précédents par la longueur inusitée de nombreux textes, qui se présentent comme de véritables écritures testamentaires. Inspiré par l'imminence de plus en plus pesante de sa mort, le poète évoque (et invoque) l'infinitude indestructible de son être essentiel face à l'espace-temps limité et fragile de sa vie. L'infini, constitutif de la "conscience de sa conscience" ici-maintenant, lui semble d'autre part être indissociable d'une union pacifiante avec l'Autre, autrement dit avec "le différent" -, à laquelle il oppose une division destructrice, qui la complète incontournablement. Cette conception s'exprime créativement tout au long du livre par une thématique dont la rigueur rationnelle s'allie avec grâce à l'esthétisme raffiné du rythme, des sonorités musiciennes et des images contrastées. Souvent précieux, le langage revêt parfois une forme presque triviale qui peut déranger. Enfin, la tonalité surréaliste de certaines lignes enchante la magie d'étranges contes fantastico-épiques et de fantaisies maritimes, rafraîchissant ainsi le récit théorique, élégamment clôturé par une poétique subtile de la méditation.