En mai 2012, le tribunal de Cologne interdisait la circoncision et déclenchait une polémique juridique, politique et religieuse majeure. Rappelons brièvement que le jugement ne visait pas spécifiquement la communauté juive et que la pratique de la circoncision est commune au judaïsme et à l'islam. Cette polémique récente est l'occasion d'un retour sur le sens de cette pratique inscrite depuis des temps immémoriaux dans l'histoire du peuple juif. Elle apparaît comme le symptôme d'une difficulté moderne à saisir le sens d'un rituel qui trouve son origine dans le texte de la Torah, et qui est l'expression de l'inscription dans la généalogie juive de la soumission à l'injonction divine faite à Abraham. Il existe une tension historique irrésolue entre l'affirmation moderne de la nécessaire préservation de l'intégrité du corps et du libre arbitre de l'individu, que ce rituel de la circoncision semble contredire. La question se pose dès lors : pourquoi cette tension a-t-elle été ravivée et quelle est la nature du malaise dont elle témoigne ?