Inspecteur des finances, ancien patron de la Caisse des dépôts, ancien président du Crédit Lyonnais, François Bloch-Lainé appartient à la grande tradition des serviteurs de l'Etat. Son Ce que je crois se découpe selon une vision critique et argumentée de l'Etat, de l'entreprise, de ses propres convictions. Sa critique de l'ENA, non comme technostructure, mais comme machine à fabriquer des élites du public qui vont irriguer le privé donne le sentiment d'un homme qui veut une séparation des pouvoirs. Chrétien (son père était un juif converti), bourgeois assimilé dont la grand-tante épousa Léon Blum, il fait montre d'un humanisme de centre-gauche, social-démocrate. Ses idées sur la vie associative, la méfiance envers l'argent, le contrôle de l'actionnariat ont probablement inspiré Delors. "Vociférer n'est pas croire. Mesurer, peser n'est pas manquer de foi", dit cet homme de quatre-vingt-deux ans, courtois, civilisé, attentif à l'Etat, déterminé au chapitre de ses convictions.