Aujourd'hui, le Vercors de Ce que je crois a dépassé la soixantaine et il ressemble fort au vieil homme digne, fin, sage, cultivé, du Silence de la mer. Les multiples questions fondamentales de la condition humaine qui existaient entre les lignes dans le célèbre roman, nous les retrouvons en pleines lignes dans ce livre magnifique. Avec sincérité, avec lucidité, l'homme Vercors regarde derrière lui et devant lui. Il a vécu, il a vu, il a lu, il a aimé, compris, douté, souffert... Et tout cela, tout ce qu'il sait, tout ce qu'il croit, il nous le dit en une écriture limpide, éclatante de vérité. Lorsque Vercors aborde le rapport du psychisme et de la matière, la nature de l'univers, la sensation du temps, il répond à des questions fondamentales que nous nous posons depuis toujours. Qu'il parle de l'affaire du Watergate ou du Chili, du communisme ou des prisons, de Teilhard de Chardin, de Bouddha ou de Chaplin, qu'il évoque la Résistance, l'avenir de la peinture, un opéra de Mozart ou les Gardes Rouges : c'est le sens de notre présence au monde qui est mis en question. Vercors prend parti mais s'interroge. Moraliste, psychologue, métaphysicien, nous voyons avant tout un homme de coeur. L'auteur ne nous écrase pas de son savoir, mais il nous enrichit considérablement en nous faisant voir plus clairement le monde.