" Dans cette décharge il pousse néanmoins une plante, toute récente. Elle a résisté à mes tentatives d'extraction. Il faut dire que c'est un roncier. De ses épines, il protège le visage d'Amandine, la fille du bloc d'en face, la fille assise au premier rang, une rangée que mon regard avant ne visitait pas souvent. Amandine le matin, parfumée, la peau fraîche et douce comme si elle venait de sortir du bain. Amandine le soir, dans un bus, plongée dans un livre, impatiente d'en découdre avec les problèmes de mathématiques et d'histoire. [... ] Comme le désir me prend souvent d'être entraîné sous terre, au-delà de moi et des autres, le plâtre brisé de ma jeunesse crissant sous mes pas qui s'éloignent, loin, dans un pays où on va jusqu'à ignorer la solitude et l'envie. "