L'histoire n'est pas faite que par les princes dont la postérité assure la gloire ; ils ont besoin de serviteurs pour administrer et gérer, et de soldats qui laissent sur les routes et dans les champs leur sueur et leur sang. Certains d'entre eux ont même assez de talent non seulement pour faire l'histoire mais encore pour l'écrire : Blaise de Monluc est de ces héros assez exceptionnels. Certainement une réputation de cruauté lui a été faite près de deux siècles après sa mort, montée par la mauvaise conscience des catholiques du XVIIIe siècle : depuis lors on peut suivre ce thème artificiellement forgé dans tous les livres d'histoire, les dictionnaires et les encyclopédies, et le fantasme s'exprime encore aujourd'hui dans les délibérations municipales de sa ville d'Agen pour laquelle il a tant fait. L'auteur : Né en 1917, chirurgien des hôpitaux, Jean-Charles Sournia a eu de hautes responsabilités administratives comme directeur général de la santé. Il est maintenant professeur de santé publique à Paris-Sud et Conseiller d'Etat. Il est président de la Société internationale d'Histoire de la médecine.