"Bilan de la sociologie française contemporaine" , le programme paraîtra sans doute ambitieux, les champs où glaner trop vastes. Il est certain que si nous voulions relever seulement tout ce que les savants français ont pu faire, depuis la guerre, pour avancer sous une forme ou une autre la connaissance des sociétés humaines, il y faudrait une longue série de volumes de la taille de celui-ci. Mais il importe de distinguer, et de préciser dès l'abord notre objet. Nous nous plaçons délibérément au point de vue adopté par la sociologie proprement dite, telle qu'elle nous paraît définie le plus nettement par l'équipe des chercheurs groupée dans l'Année Sociologique autour d'Emile Durkheim, lui-même continuateur, sur le terrain scientifique, d'Auguste Comte. Que les sociétés humaines ne soient pas un empire dans un empire, que les faits qui s'y passent comme ceux qui se passent dans l'ordre de la nature soient eux-mêmes soumis à des lois, qu'en se livrant à une étude objective et comparative des divers types d'institutions, R des habitudes collectives qui se cristallisent en lois et coutumes, rites et techniques, et s'ordonnent autour d'un certain nombre de représentations impératives R on puisse mieux comprendre comment s'organisent, comment vivent ces êtres spéciaux que sont les groupes humains, tels sont les principaux postulats de cette Ecole. Et il nous semble que ses membres ont commencé, par les résultats généralisables de leurs recherches, à en démontrer la fécondité.