La psychologie d'Avicenne établit que l'homme est constitué de deux substances hétérogènes : l'âme, substance simple et spirituelle et le corps, substance matérielle et corruptible. L'âme est un principe séparé qui confère l'actualité au corps à titre de perfection, mais elle n'est instaurée dans l'existence que lorsqu'un corps est disposé à la recevoir. Elle tire de cet attachement un bénéfice en réalisant son accomplissement propre en partie grâce aux données sensorielles transmises par le corps.
Cette doctrine tout en affirmant l'indépendance de l'âme confère au corps un rôle important dans la construction de l'individualité de la personne et dans l'acquisition de la science. Cette double exigence génère de nombreuses tensions : le problème de l'unité de la personne et de son individualité, la question de l'accès d'une substance immatérielle au sensible, l'impossibilité pour l'âme d'un retour complet sur soi.
Cet ouvrage analyse les efforts conceptuels élaborés pour résoudre ces difficultés et tente de saisir la signification de l'exigence philosophique d'Avicenne pour lequel l'effort intellectuel est non seulement une thérapie de l'âme, mais la voie même du salut individuel.