Longtemps regardé avec condescendance - pour ne pas dire mépris - par le monde des "belles lettres", le récit policier est devenu le "presque tout" du lisible contemporain ; pourquoi ? Parce que des auteurs comme Gaston Leroux ou Agatha Christie ont nourri de toute leur culture, de tout leur humanisme, ces romans criminels de mauvaise réputation... mais d'audience immense. Porter un regard sur les jeux d'intertextes est tentant, et gratifiant : c'est le propos du présent ouvrage ; musiciens et peintres dans "Le Fantôme de l'Opéra", le noir bijou leroussien, poètes et "nursery rhymes" faussement candides chez la "Duchesse de la Mort" Agatha Christie, tissent un riche sous-texte aux allusions inquiétantes, dont les harmoniques nous parviennent encore. Les amoureux du crime, les amateurs de fantastique et d'amours interdites trouveront sans doute leur compte dans cette mise en lumière de quelques mécanismes littéraires, propres à convaincre comme à égarer. Frankenstein et Dracula ne sont jamais loin des héros de Leroux, et derrière A. Christie l'ombre tourmentée du grand Shakespeare fera signe aux spectres dans cette "nuit qui ne finit pas"... pour notre coupable bonheur.