Etrange destinée ! Achevée en 1690, Athalie
ne fut vraiment représentée qu'à partir de 1716. Voltaire y voyait " le chef-d'œuvre de notre théâtre ", et " peut-être [...] de l'esprit humain ". Ce fut un avis assez général jusque vers 1860. Pendant encore près d'un siècle, cette pièce fut, avec Esther, l'œuvre la plus étudiée dans
les collèges. Puis elle sombra dans l'oubli. Injuste rejet d'un chef-d'œuvre de l'art et de la pensée, même si sa base idéologique et culturelle n'est plus guère vivante aujourd'hui. Athalie est, avec Phèdre, l'œuvre la plus hardie de Racine, par l'ampleur et la variété du lexique, la violence des scènes évoquées, la vigueur des protagonistes, la profondeur politique et religieuse, une grandeur épique, plusieurs significations tragiques. Les effets de mise en scène, les chants du chœur, l'accompagnement musical lui donnent une dimension spectaculaire généralement absente du théâtre classique.
La confrontation entre l'avidité d'Athalie,
la pureté de Joas et la loi de Dieu offre une clef pour comprendre tout le tragique racinien.