De Mme de La Fayette à la Grande Mademoiselle, le XVIIe siècle ne manque pas de figures féminines puissantes, mais c'est sans doute Angélique Arnauld (1591-1661), la célèbre abbesse de Port-Royal, qui intrigue le plus.
Placée enfant à la tête d'un couvent, sans vocation réelle, elle connut le désespoir d'un destin fort commun à l'époque mais aussi la révélation qui lui donna la force de réformer son abbaye contre vents et marées, contre rois, ministres, archevêques. Seule la règle de Saint Benoît guida ses pas.
Loin de décourager les vocations, sa réputation de rigueur attira de nombreuses femmes éprises d'absolu, et même certains des plus brillants esprits du temps - Le Maître de Sacy, Pierre Nicole, Pascal, Racine... Elle entretint pour sa part de fécondes relations épistolaires avec les personnalités les plus marquantes de ce qui fut la Réforme catholique, notamment François de Sales et Jeanne de Chantal.
Image centrale du jansénisme - avec son frère Antoine Arnauld et l'abbé de Saint-Cyran -, elle conserva une attitude inflexible et ne plia devant le pouvoir - Louis XIV - que contrainte et forcée.
Longtemps dédaignée par les biographes de Port-Royal, cette femme qui, toujours, ignora les compromissions fascine encore par son indépendance d'esprit et son énergie.