Oncle et neveu, Andrea et Giovanni Gabrieli ont parfois été confondus, et il est vrai que bien des aspects les rapprochent : une enfance vénitienne, un séjour de formation en Allemagne, la charge d'organiste à Saint-Marc, et une identique inclination pour l'enseignement de la composition. Attachés à leur ville natale toute leur vie, ils ont laissé des musiques qui ne peuvent se comprendre en dehors du contexte dans lequel elles ont été créées. Venise guide donc l'itinéraire de ce livre, comme elle explique la plupart des partitions d'Andrea et Giovanni Gabrieli. Les différentes activités musicales que favorise une Sérénissime République au pouvoir encore éclatant sont exposés ici en détail. Les Gabrieli participent aux activités profanes (les académies poétiques et musicales, le théâtre, les fêtes officielles). Leur fonction d'organiste de Saint-Marc aurait pu limiter leurs compositions à leur instrument, mais ils ont également beaucoup écrit pour la chapelle (le chœur et les instruments), l'abondance de cérémonies exigeant des œuvres en quantité. S'ils ont perpétué la tradition polyphonique de leurs prédécesseurs, ils ont également apporté des innovations, stimulés par l'ensemble instrumental de qualité auxquels ils destinaient leurs œuvres. Les deux Gabrieli sont ainsi les premiers acteurs de la valorisation des instruments dans le répertoire sacré.
Musicologue spécialisé dans la musique de la Renaissance, Philippe Canguilhem enseigne à l'université de Toulouse-Le Mirail. Il est l'auteur d'un ouvrage sur Galilei.