D'où vient que tous les régimes politiques prétendent rétablir ou défendre la liberté, et qu'il n'y en ait pas un qui ne semble la confisquer ou la dévoyer ? Pourquoi les
représentations que nous en formons spontanément sont-elles en outre si contradictoires que nous ne puissions jouir d'aucune liberté sans nous sentir privés d'une autre ?
Certains mathématiciens croient parfois avoir contribué à l'élucidation d'un problème en démontrant qu'il ne peut avoir de solution. A leur exemple, cet essai tente de montrer pourquoi la conception de la liberté tombe en
d'insurmontables antinomies dès qu'on l'associe au temps, en la définissant comme pouvoir d'accomplir ce qu'on
désire ou de faire ce qu'on veut.
Seule échapperait aux antinomies de la contingence et de la nécessité, de la différence et de l'identité, de" la médiation et de l'immédiation, une liberté affranchie du désir et du temps. Mais il faudrait Pour cela nous être délivrés des obsessions de l'ego et du prestige de ses images. Quoiqu'il n'y ait rien dont le monde contemporain parlé autant que de la liberté, il est donc il craindre que rien ne lui soit plus étranger.
Professeur émérite à l'Université de Paris-Sorbonne, Nicolas Grimaldi y a occupé la chaire d'Histoire de la philosophie moderne, puis celle de Métaphysique.