Parmi les illustres captifs condamnés à orner le triomphe que Rome avait décerné à son général victorieux Paulinius, après la défaite des Bretons et de leur reine Boadice, se trouvait le vaillant prince Aldogern et sa jeune fille Alda. Aldogern était proche parent de l'infortunée Boadice, et tenait un rang élevé dans la désastreuse bataille où, pour des siècles de douleur, la lumière de la liberté s'était éteinte dans le sang de ses malheureux compatriotes. Il avait fait en vain des prodiges de valeur ; et c'était seulement après avoir vu ses cinq fils tués à ses côtés que lui-même avait été vaincu et fait prisonnier, pendant qu'il défendait le char sur lequel son enfant dernière et bien-aimée, la jeune Alda, était avec ses femmes esclaves, selon la coutume des bretons, qui, dans leurs campagnes, encombraient la marche des membres inutiles de leur famille. Ni les cruelles souffrances de son corps ni les angoisses de son âme ne purent dispenser le malheureux général de la plus vive, de la plus amère de toutes ses douleurs, celle de se voir traîné dans les rues de Rome avec sa fille désolée, pour orner le triomphe de l'orgueilleux vainqueur.