" Madoula, à qui j'avais lu quelques-uns de ces poèmes, me confia après avoir longuement suçoté le tuyau de sa pipe : "Si je comprends bien, tu prends des photos avec ton stylo... " Réflexion faite, j'estimai que la remarque était fort pertinente et je la rapprochai, quelques mois plus tard, de ce jugement qu'un lecteur complaisant, et croyant me flatter, m'écrivit d'une plume appliquée affirmant que ma poésie donnait "à voir". Je goûtai cette appréciation bien qu'une petite voix intérieure chuchotât perfidement qu'il eût été plus valorisant qu'elle donnât "à penser". Certes, mais je ne détiens pas, comme mon ami Madoula, le griot, le pouvoir de pénétrer les âmes, et la terre d'Afrique restera pour moi, faute de mieux, un magnifique livre d'images. "