Platon commence avec "Le Banquet" et la philosophie commence avec Platon. Il est vrai que le Banquet est un écrit. Mais il est vrai aussi que c'est avant tout une parole. Car c'est la parole qui a précédé l'écrit, écrit qui parait comme une somme, comme une des clefs de la connaissance. Pour Socrate, comme pour Platon, la connaissance, c'est à dire la recherche de la vérité que l'on trouve au fond de soi, ne naît pas d'un simple enseignement, mais en quelque sorte de la manière dont on éprouve et dont on recueille les fruits d'une expérience, d'une réflexion. C'est ce à quoi tendait Platon sous les agréables ombrages des jardins de l'Académie d'Athènes. C'est ce à quoi tend la dialectique. Entendre Platon, n'est-ce pas aussi participer de cette expérience unique où la mémoire, changeante par essence, se laisse imprégner de sensations qu'elle recueille pour instiller et asseoir dans l'esprit le fruit d'une connaissance ? N'est pas une première expérience que l'approche de ce discours de Platon-Apollodore qui raconte ces événements si anciens mais si riches en réflexions qu'ils sont d'une éternelle actualité ? Dans cette nouvelle version, Michel Aumont fait le choix intellectuel de s'emparer de l'œuvre avec le naturel nécessaire pour rendre intemporel et accessible ce texte fondateur de la philosophie occidentale.