Tchékhov est un grand peintre de la société russe. Mais il a su dépasser le circonstanciel pour exprimer l'âme humaine dans ce qu'elle a de permanent. C'est pourquoi ses récits, un siècle après sa mort, continuent d'émouvoir les hommes, d'où qu'ils soient. La dame au petit chien peint l'amour avec ce qu'il a d'imprévisible. Après le théâtre évoque les espoirs d'une jeune fille dans leur fraîcheur et leur incohérence. L'homme à l'étui vaut pour tous ceux qui vivent en retrait, médiocrement, dominés par la peur. La description des Relégués permet d'opposer deux façons de concevoir le bonheur. Même des pochades comme Chez la maréchale de la noblesse ou L'œuvre d'art réussissent à dépasser l'anecdote pour cerner comiquement l'un de nos travers. Patrick Chesnais s'approprie Tchékhov en lui donnant un naturel et une proximité contemporaine qui nous rend ses écrits authentiques, réels, voire tout à fait familiers.