Dans le monde classique, le mariage était un sacrement et l'amour, s'il survenait, une heureuse surprise. Aujourd'hui, c'est l'amour qui est sacré et le mariage n'en est qu'une possibilité parmi d'autres. Il a été concurrencé, en Europe du moins, par d'autres formes d'union ou de contrat. Le mariage d'inclination était supposé répondre aux défauts du mariage de raison : lieu de l'oppression de la femme par l'homme, vile entreprise commerciale, étouffoir pour les deux sexes. Mais le conte de fées ne se passe pas exactement comme nous l'avions cru : depuis les années 70, le sentiment, triomphant, ronge l'institution de l'intérieur et la délégitime. Explosion des divorces, multiplication des solitaires, choix du célibat : la passion amoureuse, dans son élan, va t'elle détruire le mariage ou du moins le relativiser ? Sera-t-il bientôt réservé à une élite de happy few qui persisteront à s'unir officiellement quand la majorité batifolera au gré de ses passades et de ses virevoltes ?