La peinture a son ombre, et son nom est Goya. Le voyage au bout de la nuit, lui seul le fait. Imaginons, un instant, le monde sans sa peinture. Toute la nuit disparaît. Étrange que l'Espagne ait recueilli tant de ténèbres alors qu'à l'Italie, à la Grèce, à Rome échurent tant de lumière. Si c'est au carme déchaux Jean de la Croix qu'il revient d'avoir, le premier, nommé La Nuit obscure, à Goya incombera, deux siècles plus tard, de là traduire en peinture. Ce n'est pas la seule nuit d'Espagne qu'il attire dans son oeuvre, mais toute la part d'obscur que l'homme avant lui avait tenue cachée. Et beaucoup de la pensée occidentale se verra entraînée vers ces confins. [...]