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Acerbe et radical, le " je " d'Elfriede Jelinek emboîte le pas au Winterreise de Schubert, traverse la folie du monde d'aujourd'hui jusqu'aux abîmes de sa propre vie. Ce virulent monologue, plus intime et plus politique que jamais, découpé dans de grands et puissants blocs de texte et lancé à la face du monde contemporain, s'écrase sur scène telles nos propres ruines : scandales politico-financiers, perversité de l'opinion publique, sexualité médiatisée par Internet, culte du sport et de la jeunesse. Sur fond de paysage délabré resurgissent l'enfance ruinée de l'auteure, l'amour-haine d'une mère dominatrice et la démence du père. Porté par une langue qui bataille contre elle-même, le cycle s'achève sur une réflexion d'une grave lucidité quant à son propre rôle d'auteure : " Nous ne voulons pas vous écouter, vous, avec vos éternelles vieilles rengaines. Votre assiette est pleine, ça devrait vous suffire. " Saurons-nous faire taire notre monde pour entendre ce texte ?
Elfriede Jelinek, née en 1946 à Mürzzuschlag, en Styrie, a grandi à Vienne, où, dès 13 ans, elle a étudié l'art dramatique, l'histoire de l'art, et la musique au Conservatoire. Elle partage aujourd'hui son temps entre Vienne et Munich. Son ouvre - théâtre et romans -, qui compte entre autres La Pianiste (adaptée au cinéma par Michael Haneke), a été couronnée par le prix Heinrich-Böll (1986), le prix Büchner (1998), le prix Heine (2002), et le prix Nobel de littérature (2004).
Traduit de l'allemand (Autriche) par Sophie Andrée Herr
Elfried Jelinek a été récompensée par le prix Nobel de littérature en 2004 pour l'ensemble de son oeuvre.